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132 dossier EMPLOI - FORMATION
Études SUPÉRIEURES
MBA : la bonne stratégie
Conseils pratiques aux candidats au fameux M aster
of Business A dministration, véritable sésame pour les
postes les plus attractifs. Un domaine où quelques
formations africaines se révèlent compétitives.
Q
ui n’a succombé à la fièvre
du MBA ? Étudiants ou jeunes actifs, tous rêvent de ce
fameux diplôme, souvent
qualifié de sésame pour atteindre plus
aisément les sommets de sa carrière
professionnelle. Adopté d’abord par les
pays anglo-saxons, le Master of Business
Administration (MBA) aborde en une
ou deux années tous les domaines utiles
à la conduite des affaires : finance, marketing, stratégie, management… Il n’est
pas nécessairement spécialisé, même
si certaines institutions proposent
des approfondissements thématiques.
Accessible parfois aux étudiants en fin
de cursus, le MBA produit ses effets
les plus bénéfiques lorsqu’il intervient
après une première expérience professionnelle : deux à sept ans d’exercice
d’un métier sont requis par la plupart
des programmes. Les admissions se font
le plus souvent sur dossier et entretien
afin d’évaluer le parcours, la motivation
et le projet des candidats.
UN ATOUT POUR LES DIRIGEANTS
Pour Loïc Sadoulet, professeur de
l’Insead, près de Paris – le MBA de l’Insead est régulièrement classé parmi les
meilleurs au monde par le Financial
Times –, l’intérêt de cette formation
réside dans sa dimension internationale : « C’est un modèle d’apprentissage par la diversité. » Un autre attrait
réside dans les méthodes interactives
d’enseignement, en lieu et place des
cours magistraux. « Le professeur
joue le rôle d’un chef d’orchestre pour
animer la classe, cadrer l’analyse et
coacher les étudiants dans leurs travaux », ajoute Loïc Sadoulet. Pour
Mahmoud Triki, président-fondateur
de la Mediterranean School Business
(MSB) de Tunis, le MBA confère aux
lauréats une g rande ouverture d’esprit, qui leur permet « d’anticiper les
nouvelles opportunités offertes par
les changements d’un environnement
professionnel en mutation continue ».
Enfin, Joël-Éric Missainhoun, associé
du cabinet de recrutement AfricSearch,
confirme l’intérêt de ce type de formation dans une carrière : « Le MBA est
un atout indéniable, surtout dans les
postes de décision, les positions managériales de haut niveau. »
Ce diplôme fournit en outre une
excellente occasion d’aller suivre des
études à l’étranger. Dans l’absolu, une
telle expérience est toujours recommandée. Mais rien ne sert de partir
« sans projet très précis », recommande Bruno Ponson, directeur de l’École
supérieure algérienne des affaires
(Esaa). Encore moins si « la formation
envisagée ne vous aide pas à améliorer
votre “employabilité” », note Joël-Éric
Missainhoun. Le MBA corrige évidemment ces défauts d’immaturité. Pour la
destination, tout dépend des objectifs.
Suivre une formation en finance à Londres ou à New York semble une bonne
idée. Le Québec est aussi un point de
ALGÉRIE, MAROC, TUNISIE ET SÉNÉGAL : Neuf MBA au banc d’essai
Notre
jugement
École
Nom du diplôme
Type de MBA et conditions
Coût
Points forts
★★
★★
École Hassania des
travaux publics (Maroc) MBA de l’ENPC Paris
www.ehtp.ac.ma
24 mois à temps partiel.
14 200 euros
Dossier plus expérience professionnelle
Accrédité par l’AMBA, possibilité de suivre
un ou plusieurs modules hors d’Afrique,
réseau d’anciens
★★
★
MSB (Tunisie)
www.msb-online.org
The Manager’s MBA
18 mois à temps partiel.
Diplôme universitaire
plus expérience professionnelle
12 550 euros
Enseignement en anglais, corps professoral
international (HEC, Insead…), accréditation
AMBA envisagée
★★
★
Esaa (Algérie)
www.esaa.dz
MBA Exécutif
18 mois à temps partiel.
Licence + 5 ans d’expérience
professionnelle
10 000 euros
Corps professoral international (HEC, ESCPEAP, Lille-II…), diplôme reconnu par tous les
partenaires
★★
Esprit (Tunisie)
www.esprit.ens.tn
MBA International
Paris
18 mois à temps partiel.
Bac + 4 et 3 ans d’expérience
professionnelle
8 000 euros
Partenariat académique avec Paris-Sorbonne
et Paris-Dauphine ; diplôme reconnu en
Tunisie et en France
★★
MDI Alger (Algérie)
www.mdi-alger.com
MBA International
Paris
14 mois à temps partiel.
Licence + expérience professionnelle
7 500 euros
Enseignement en anglais, diplôme français
délivré par les universités de Paris-Dauphine
et de Paris-Sorbonne
★★
ISM (Sénégal)
www.ism.sn
International MBA
18 mois à temps partiel.
Diplôme bac + 4 et 5 ans d’expérience
professionnelle
7 622 euros
Corps professoral international (HEC,
Wharton…), promotions de 30 élèves,
enseignement en anglais, réseau d’anciens
★★
HEM (Maroc)
www.hem.ac.ma
MBA International
Paris
16 mois à temps partiel.
Diplôme bac + 4 et 5 ans d’expérience
professionnelle
9 000 euros
Partenariats pédagogiques avec ParisSorbonne et Paris-Dauphine, diplôme reconnu
en France et au Maroc
★★
Cesag (Sénégal)
www.cesag.sn
MBA International
Paris
12 mois à temps partiel.
Bac + 4 et 2 ans d’expérience
professionnelle requis
6 900 euros
Partenariats pédagogiques avec ParisSorbonne et Paris-Dauphine, diplôme reconnu
en France et au Sénégal
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À l’exception de quelques cours magistraux, les sessions se déroulent en groupes variant les expériences professionnelles.
chute séduisant car il allie culture
francophone et environnement professionnel anglophone. Même avec le
durcissement des procédures d’attribution des visas, la France reste un choix
souvent plus « naturel ».
Sur le continent, de peur de les voir
partir, beaucoup de firmes sont encore
réticentes à accompagner les projets
de MBA de leurs collaborateurs. « En
France, financer un MBA peut être un
moyen de garder un bon élément quelques années de plus. Dans nos filiales
en Afrique, pour retenir les plus talentueux, nous mettons davantage en
avant les possibilités d’évolution au
niveau international », confirme Valérie Jouatel, DRH de France Télécom
pour la zone Afrique, Moyen-Orient,
Asie. Même discours chez Total, qui
dispose de sa propre université d’entreprise et préfère offrir des formations internes à ses cadres. Face à de
tels dispositifs, le candidat à un MBA
devra se résoudre à financer lui-même
sa formation.
La culture du MBA a cependant une
longueur d’avance dans certains pays
du Maghreb. On retrouve des titulaires
de MBA dans le directoire de la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM)
et du groupe ONA au Maroc, de Shell,
Coca-Cola ou Manpower en Tunisie. Des
programmes encore réservés aux PDG
et à leurs adjoints, mais « qui s’ouvrent
aux cadres à fort potentiel même s’ils
n’occupent pas encore de postes de
direction », confirme Tawfik Jelassi,
doyen du MBA de l’École nationale
des ponts et chaussées
(ENPC) de Paris. De son
côté, Paul Mercier, associé du cabinet de recrutement Michael Page
Africa, considère que
le MBA représente une
sorte d’assurance pour
les entreprises qui cherchent des cadres
locaux pour occuper d’importantes responsabilités : « C’est la garantie d’embaucher un cadre supérieur qui répond
aux standards internationaux. » Sous
réserve que le diplôme ait été obtenu
dans une école bien cotée, précise de
son côté Guillaume Ménager, chasseur
de têtes chez Elzéar.
nique, l’AMBA (délivré par l’Association of MBAs) est un label international
qui, comme ses homologues européen
Epas (de l’European Foundation for
Management Development) et américain AACSB (Association to Advance
Collegiate Schools of Business), certifie
L’École Hassiana de Casa
délivre le même diplôme que
Ponts et Chaussées Paris.
quelle qualité en afrique ?
Que penser, dans ces circonstances,
des MBA proposés par plusieurs établissements sur le continent ? Sur les
établissements que nous avons contactés, un seul a pu mettre en avant une
accréditation AMBA. D’origine britan-
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la qualité des programmes MBA. En
l’absence de tels éléments de référence,
ce sera l’ouverture à l’international qui
emportera la décision. Plusieurs écoles dispensent un MBA International
Paris (MBA IP), résultat d’un partenariat avec les universités françaises de
Paris-Dauphine et de la Sorbonne. C’est
notamment le cas, en Algérie, de celui
de MDI Alger, enseigné intégralement
en anglais à partir de cette année. De
son côté, l’Esaa offre un MBA reconnu
entre autres par HEC et ESCP-EAP.
En Tunisie, c’est l’école d’ingénieurs
Esprit qui délivre un MBA IP. La Mediterranean School Business présente
une formation originale, dont les
Nicolas TAVERNIER / REA
dossier 133
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cours sont dispensés par des professeurs venus d’institutions de référence
comme l’Insead ou HEC. Au Maroc,
l’école Hassania des travaux publics de
Casablanca accueille, grâce au soutien
de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris, le seul MBA accrédité
AMBA de notre sélection. Et c’est l’institut HEM de Marrakech qui propose la
déclinaison marocaine du MBA IP.
Plus au sud, le Sénégal offre les
s eules formations d’Afrique subsaha
rienne que nous ayons retenues. Le
programme de l’ISM, délivré en anglais
depuis cinq ans, vise une accréditation
européenne Epas dans les deux à trois
ans. Le Cesag, deuxième acteur clé du
pays, assure la seule représentation du
MBA IP dans la sous-région. Au-delà
de la qualité des formations propo-
sées, le point faible de la plupart de
ces écoles réside dans l’absence ou le
manque d’envergure de leurs réseaux
d’anciens élèves. Toutes doivent internationaliser leur présence pour offrir
à leurs diplômés des contacts privilégiés en dehors des frontières nationales. C’est une condition incontournable pour s’installer parmi les meilleurs
MBA d’Afrique. ■
Julien Clémençot
Najed Ksouri Venu en France pour être un as de la finance
spécialisation en finance. Poursuivre
ses études à l’étranger est apparu
comme une évidence pour approfondir ses compétences. Conseillé par des
anciens de l’EPT, Najed a choisi ce
master de l’université Paris-VI parce
qu’il « est reconnu » et ouvre les portes des grandes institutions bancaires à « Londres, New York ou Hong
Kong ». « Le fait d’avoir quelques professionnels dans la promotion donnait
une vraie valeur ajoutée aux cours »,
explique-t-il. Le diplôme en poche, le
jeune actif a déjà planifié son retour
en Tunisie : « Je me suis fixé une limite de cinq ans. Je suis boursier. L’État
et mes parents ont investi pour mes
études, c’est naturel pour moi de rentrer. » En attendant, il garde le contact
avec le pays et parraine déjà plusieurs
étudiants qui, peut-être, marcheront
J.C.
sur ses traces. n
Vincent Fournier / J.A.
Diplômé de l’école polytechnique de Tunis, Najed Ksouri suit
actuellement les cours du master
probabilités et finances de l’université
Paris-VI. Il est venu en France pour
devenir un as de la finance. À Paris, il
vient côtoyer pendant un an l’élite du
système éducatif français, diplômés
de Polytechnique, Centrale, Normale
sup… À 24 ans, ce surdoué n’a pas le
profil du trader fou qui gère ses prises
de position sur les marchés comme on
joue au poker. Lui est posé, réfléchi,
d’une étonnante maturité. Après son
bac obtenu avec mention très bien et
deux années de prépa, il a intégré en
2004 l’École polytechnique de Tunisie (EPT). Loin de se reposer sur ses
lauriers, Najed a très vite compris l’intérêt de se démarquer de ses condisciples. Persuadé du potentiel de la
Bourse de Tunis, il a opté pour une
Vincent Fournier / J.A.
Sandra Arrivé Pourquoi pas un MBA en Tunisie ?
L’Afrique ne voit pas seulement
partir certains de ses étudiants se perfectionner hors du continent. Quelques
précurseurs viennent depuis peu d’Europe pour y chercher de nouvelles
compétences. Preuve du niveau atteint
par les meilleures écoles africaines.
Expert de l’assurance-crédit (garantie
qui couvre les risques commerciaux et
politiques) au sein de la Coface, Sandra Arrivé, 31 ans, fait partie de ces
esprits ouverts. Elle a suivi pendant
dix-huit mois l’Executive MBA dispensé par la Mediterranean School
of Business (MSB) de Tunis. Une
expérience qu’elle juge très positive.
Au nombre des avantages de la MSB,
la jeune femme évoque bien sûr le
coût des études : 16 000 euros, contre
50 000 euros pour un MBA de premier
plan en France. Mais elle n’a pas pour
autant renoncé à un enseignement de
qualité : « Nous avons eu des professeurs de l’Insead, d’HEC. Nos études
de cas venaient de Harvard. » Parmi
les autres satisfactions, le niveau et
le parcours des étudiants de sa promotion : « Je me suis retrouvée avec
l’élite tunisienne : des PDG, des cadres
dirigeants. J’ai beaucoup appris à leur
contact », assure-t-elle, avant de poursuivre : « J’estime aujourd’hui mieux
appréhender le monde arabe. Je pense
que l’Afrique va jouer un rôle de plus
en plus important dans l’économie
mondiale. » Reste à valoriser, de
retour en France, son nouveau réseau
de relations au Maghreb pour valider
totalement son choix audacieux. n
J.C.
J e u n e A f r i q u e n ° 2 4 9 3 - 2 4 9 4 • d u 19 O C T O B RE a u 1 e r n o v e m b r e 2 0 0 8