132-134 Comp Mba Afrique

mba Afrique
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    December 1969
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132 dossier EMPLOI - FORMATION Études SUPÉRIEURES MBA : la bonne stratégie Conseils pratiques aux candidats au fameux M aster of Business A dministration, véritable sésame pour les postes les plus attractifs. Un domaine où quelques formations africaines se révèlent compétitives. Q ui n’a succombé à la fièvre du MBA ? Étudiants ou jeunes actifs, tous rêvent de ce fameux diplôme, souvent qualifié de sésame pour atteindre plus aisément les sommets de sa carrière professionnelle. Adopté d’abord par les pays anglo-saxons, le Master of Business Administration (MBA) aborde en une ou deux années tous les domaines utiles à la conduite des affaires : finance, marketing, stratégie, management… Il n’est pas nécessairement spécialisé, même si certaines institutions proposent des approfondissements thématiques. Accessible parfois aux étudiants en fin de cursus, le MBA produit ses effets les plus bénéfiques lorsqu’il intervient après une première expérience professionnelle : deux à sept ans d’exercice d’un métier sont requis par la plupart des programmes. Les admissions se font le plus souvent sur dossier et entretien afin d’évaluer le parcours, la motivation et le projet des candidats. UN ATOUT POUR LES DIRIGEANTS Pour Loïc Sadoulet, professeur de l’Insead, près de Paris – le MBA de l’Insead est régulièrement classé parmi les meilleurs au monde par le Financial Times –, l’intérêt de cette formation réside dans sa dimension internationale : « C’est un modèle d’apprentissage par la diversité. » Un autre attrait réside dans les méthodes interactives d’enseignement, en lieu et place des cours magistraux. « Le professeur joue le rôle d’un chef d’orchestre pour animer la classe, cadrer l’analyse et ­coacher les étudiants dans leurs travaux », ajoute Loïc Sadoulet. Pour Mahmoud Triki, président-fondateur de la Mediterranean School Business (MSB) de Tunis, le MBA confère aux lauréats une ­g rande ouverture d’esprit, qui leur permet « d’anticiper les nouvelles opportunités offertes par les changements d’un environnement professionnel en mutation continue ». Enfin, Joël-Éric Missainhoun, associé du cabinet de recrutement AfricSearch, confirme l’intérêt de ce type de formation dans une carrière : « Le MBA est un atout indéniable, surtout dans les postes de décision, les positions managériales de haut niveau. » Ce diplôme fournit en outre une excellente occasion d’aller suivre des études à l’étranger. Dans l’absolu, une telle expérience est toujours recommandée. Mais rien ne sert de partir « sans projet très précis », recommande Bruno Ponson, directeur de l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa). Encore moins si « la formation envisagée ne vous aide pas à améliorer votre “employabilité” », note Joël-Éric Missainhoun. Le MBA corrige évidemment ces défauts d’immaturité. Pour la destination, tout dépend des objectifs. Suivre une formation en finance à Londres ou à New York semble une bonne idée. Le Québec est aussi un point de ALGÉRIE, MAROC, TUNISIE ET SÉNÉGAL : Neuf MBA au banc d’essai Notre jugement École Nom du diplôme Type de MBA et conditions Coût Points forts ★★ ★★ École Hassania des travaux publics (Maroc) MBA de l’ENPC Paris www.ehtp.ac.ma 24 mois à temps partiel. 14 200 euros Dossier plus expérience professionnelle Accrédité par l’AMBA, possibilité de suivre un ou plusieurs modules hors d’Afrique, réseau d’anciens ★★ ★ MSB (Tunisie) www.msb-online.org The Manager’s MBA 18 mois à temps partiel. Diplôme universitaire plus expérience professionnelle 12 550 euros Enseignement en anglais, corps professoral international (HEC, Insead…), accréditation AMBA envisagée ★★ ★ Esaa (Algérie) www.esaa.dz MBA Exécutif 18 mois à temps partiel. Licence + 5 ans d’expérience professionnelle 10 000 euros Corps professoral international (HEC, ESCPEAP, Lille-II…), diplôme reconnu par tous les partenaires ★★ Esprit (Tunisie) www.esprit.ens.tn MBA International Paris 18 mois à temps partiel. Bac + 4 et 3 ans d’expérience professionnelle 8 000 euros Partenariat académique avec Paris-Sorbonne et Paris-Dauphine ; diplôme reconnu en Tunisie et en France ★★ MDI Alger (Algérie) www.mdi-alger.com MBA International Paris 14 mois à temps partiel. Licence + expérience professionnelle 7 500 euros Enseignement en anglais, diplôme français délivré par les universités de Paris-Dauphine et de Paris-Sorbonne ★★ ISM (Sénégal) www.ism.sn International MBA 18 mois à temps partiel. Diplôme bac + 4 et 5 ans d’expérience professionnelle 7 622 euros Corps professoral international (HEC, Wharton…), promotions de 30 élèves, enseignement en anglais, réseau d’anciens ★★ HEM (Maroc) www.hem.ac.ma MBA International Paris 16 mois à temps partiel. Diplôme bac + 4 et 5 ans d’expérience professionnelle 9 000 euros Partenariats pédagogiques avec ParisSorbonne et Paris-Dauphine, diplôme reconnu en France et au Maroc ★★ Cesag (Sénégal) www.cesag.sn MBA International Paris 12 mois à temps partiel. Bac + 4 et 2 ans d’expérience professionnelle requis 6 900 euros Partenariats pédagogiques avec ParisSorbonne et Paris-Dauphine, diplôme reconnu en France et au Sénégal J e u n e A f r i q u e n ° 2 4 9 3 - 2 4 9 4 • d u 19 O C T O B RE a u 1 e r n o v e m b r e 2 0 0 8 À l’exception de quelques cours magistraux, les sessions se déroulent en groupes variant les expériences professionnelles. chute séduisant car il allie culture francophone et environnement professionnel anglophone. Même avec le durcissement des procédures d’attribution des visas, la France reste un choix souvent plus « naturel ». Sur le continent, de peur de les voir partir, beaucoup de firmes sont encore réticentes à accompagner les projets de MBA de leurs collaborateurs. « En France, financer un MBA peut être un moyen de garder un bon élément quelques années de plus. Dans nos filiales en Afrique, pour retenir les plus talentueux, nous mettons davantage en avant les possibilités d’évolution au niveau international », confirme Valérie Jouatel, DRH de France Télécom pour la zone Afrique, Moyen-Orient, Asie. Même discours chez Total, qui dispose de sa propre université d’entreprise et préfère offrir des formations internes à ses cadres. Face à de tels dispositifs, le candidat à un MBA devra se résoudre à financer lui-même sa formation. La culture du MBA a cependant une longueur d’avance dans certains pays du Maghreb. On retrouve des titulaires de MBA dans le directoire de la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) et du groupe ONA au Maroc, de Shell, Coca-Cola ou Manpower en Tunisie. Des programmes encore réservés aux PDG et à leurs adjoints, mais « qui s’ouvrent aux cadres à fort potentiel même s’ils n’occupent pas encore de postes de direction », confirme Tawfik Jelassi, doyen du MBA de l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) de Paris. De son côté, Paul Mercier, associé du cabinet de recrutement Michael Page Africa, considère que le MBA représente une sorte d’assurance pour les entreprises qui cherchent des cadres locaux pour occuper d’importantes responsabilités : « C’est la garantie d’embaucher un cadre supérieur qui répond aux standards internationaux. » Sous réserve que le diplôme ait été obtenu dans une école bien cotée, précise de son côté Guillaume Ménager, chasseur de têtes chez Elzéar. nique, l’AMBA (délivré par l’Association of MBAs) est un label international qui, comme ses homologues européen Epas (de l’European Foundation for Management Development) et américain AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business), certifie L’École Hassiana de Casa délivre le même diplôme que Ponts et Chaussées Paris. quelle qualité en afrique ? Que penser, dans ces circonstances, des MBA proposés par plusieurs établissements sur le continent ? Sur les établissements que nous avons contactés, un seul a pu mettre en avant une accréditation AMBA. D’origine britan- J e u n e A f r i q u e n ° 2 4 9 3 - 2 4 9 4 • d u 19 O C T O B RE a u 1 e r n o v e m b r e 2 0 0 8 la qualité des programmes MBA. En l’absence de tels éléments de référence, ce sera l’ouverture à l’international qui emportera la décision. Plusieurs écoles dispensent un MBA International Paris (MBA IP), résultat d’un partenariat avec les universités françaises de Paris-Dauphine et de la Sorbonne. C’est notamment le cas, en Algérie, de celui de MDI Alger, enseigné intégralement en anglais à partir de cette année. De son côté, l’Esaa offre un MBA reconnu entre autres par HEC et ESCP-EAP. En Tunisie, c’est l’école d’ingénieurs Esprit qui délivre un MBA IP. La Mediterranean School Business présente une formation originale, dont les Nicolas TAVERNIER / REA dossier 133 134 dossier EMPLOI - FORMATION cours sont dispensés par des professeurs venus d’institutions de référence comme l’Insead ou HEC. Au Maroc, l’école Hassania des travaux publics de Casablanca accueille, grâce au soutien de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris, le seul MBA accrédité AMBA de notre sélection. Et c’est l’institut HEM de Marrakech qui propose la déclinaison marocaine du MBA IP. Plus au sud, le Sénégal offre les s­ eules formations d’Afrique subsaha­ rienne que nous ayons retenues. Le programme de l’ISM, délivré en anglais depuis cinq ans, vise une accréditation européenne Epas dans les deux à trois ans. Le Cesag, deuxième acteur clé du pays, assure la seule représentation du MBA IP dans la sous-région. Au-delà de la qualité des formations propo- sées, le point faible de la plupart de ces ­écoles réside dans l’absence ou le manque d’envergure de leurs réseaux d’anciens élèves. Toutes doivent internationaliser leur présence pour offrir à leurs diplômés des contacts privilégiés en dehors des frontières nationales. C’est une condition incontournable pour s’installer parmi les meilleurs MBA d’Afrique. ■ Julien Clémençot Najed Ksouri Venu en France pour être un as de la finance spécialisation en finance. Poursuivre ses études à l’étranger est apparu comme une évidence pour approfondir ses compétences. Conseillé par des anciens de l’EPT, Najed a choisi ce master de l’université Paris-VI parce qu’il « est reconnu » et ouvre les portes des grandes institutions bancaires à « Londres, New York ou Hong Kong ». « Le fait d’avoir quelques professionnels dans la promotion donnait une vraie valeur ajoutée aux cours », explique-t-il. Le diplôme en poche, le jeune actif a déjà planifié son retour en Tunisie : « Je me suis fixé une limite de cinq ans. Je suis boursier. L’État et mes parents ont investi pour mes études, c’est naturel pour moi de rentrer. » En attendant, il garde le contact avec le pays et parraine déjà plusieurs étudiants qui, peut-être, marcheront J.C. sur ses traces. n Vincent Fournier / J.A. Diplômé de l’école polytechnique de Tunis, Najed Ksouri suit actuellement les cours du master probabilités et finances de l’université Paris-VI. Il est venu en France pour devenir un as de la finance. À Paris, il vient côtoyer pendant un an l’élite du système éducatif français, diplômés de Polytechnique, Centrale, Normale sup… À 24 ans, ce surdoué n’a pas le profil du trader fou qui gère ses prises de position sur les marchés comme on joue au poker. Lui est posé, réfléchi, d’une étonnante maturité. Après son bac obtenu avec mention très bien et deux années de prépa, il a intégré en 2004 l’École polytechnique de Tunisie (EPT). Loin de se reposer sur ses lauriers, Najed a très vite compris l’intérêt de se démarquer de ses condisciples. Persuadé du potentiel de la Bourse de Tunis, il a opté pour une Vincent Fournier / J.A. Sandra Arrivé Pourquoi pas un MBA en Tunisie ? L’Afrique ne voit pas seulement partir certains de ses étudiants se perfectionner hors du continent. ­Quelques précurseurs viennent depuis peu d’Europe pour y chercher de nouvelles compétences. Preuve du niveau atteint par les meilleures écoles africaines. Expert de l’assurance-crédit (garantie qui couvre les risques commerciaux et politiques) au sein de la Coface, Sandra Arrivé, 31 ans, fait partie de ces esprits ouverts. Elle a suivi pendant dix-huit mois l’Executive MBA dispensé par la Mediterranean School of Business (MSB) de Tunis. Une expérience qu’elle juge très positive. Au nombre des avantages de la MSB, la jeune femme évoque bien sûr le coût des études : 16 000 euros, contre 50 000 euros pour un MBA de premier plan en France. Mais elle n’a pas pour autant renoncé à un enseignement de qualité : « Nous avons eu des professeurs de l’Insead, d’HEC. Nos études de cas venaient de Harvard. » Parmi les autres satisfactions, le niveau et le parcours des étudiants de sa promotion : « Je me suis retrouvée avec l’élite tunisienne : des PDG, des cadres dirigeants. J’ai beaucoup appris à leur contact », assure-t-elle, avant de poursuivre : « J’estime aujourd’hui mieux appréhender le monde arabe. Je pense que l’Afrique va jouer un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale.  » Reste à valoriser, de retour en France, son nouveau réseau de relations au Maghreb pour valider totalement son choix audacieux. n  J.C. J e u n e A f r i q u e n ° 2 4 9 3 - 2 4 9 4 • d u 19 O C T O B RE a u 1 e r n o v e m b r e 2 0 0 8